Pris au piège

Etre vivant c’est cool, il n’y a pas à dire, par contre je suis dans la merde. Je m’étais dit que je crèverai peut-être avant d’avoir accompli les trois demandes de Lucifer mais c’est loupé pour ça. Pas que je me plaigne d’être en vie encore une fois mais il me reste toujours deux demandes de Lucifer à respecter. La première étant le meurtre d’Abigaïl Morrison ayant déjà été accompli, il me reste donc à avouer mes crimes au reste du monde et à euh… Faire revenir ma conscience. Youpi, non seulement je dois me passer la corde au cou mais en plus je dois en chialer ! Quel enfoiré. Sans compter que l’unité m’est retombée dessus et eux sont toujours derrière mon cul pour que j’élimine la famille Ozéra. Franchement ma vie craint.

La nuit tombe et je suis planté devant l’académie en train de me griller une clope. Allez Chris, prends ton courage à deux main, si tu respectes ton deal avec Lucifer, l’académie te tombera dessus et t’emprisonnera, résultat des courses la famille Ozéra survit et c’est au moins ça de gagné. Fait chier. Je balance ma clope et tourne le dos à l’académie, faut croire que j’ai pas encore les couilles de le faire aujourd’hui. Sauf qu’au moment où je sors de cette forêt, il y a une putain de strigoï au bras mécanique qui me tombe dessus.

« Putain t’es qui toi ?! »

« Lucifer m’envoie. Il attend que tu respectes ta part du marché et n’apprécie pas que tu le fasses autant patienter, Montgomery. »

« Je vais le respecter son putain marché ! Tu veux bien me lâcher maintenant ?! »

Elle me regarde d’un air suspicieux quelques secondes avant de me libérer, de toute façon elle n’est pas venue me tuer, autrement Lucifer n’obtiendrait pas ce qu’il veut.

« Il veut une date. »

« Demain. Demain tout le monde saura que Chris Montgomery est un putain de traître, mais d’abord je dois le lui dire à elle. »

Pas besoin de préciser que le elle s’appelle Red, elle nous surveille, elle sait parfaitement de qui il s’agit. La strigoï acquiesce et m’annonce que si demain je n’ai pas respecter ma part du marché, alors elle ramènera elle-même Red à Lucifer et jamais je ne la récupérerais. Putain de merde ! Elle disparaît en un coup de vent et le fait de me retrouver seul avec moi-même ne m’aide pas à calmer mes pensées qui se bousculent. T’as voulu jouer avec le diable Chris, maintenant faut assumer.

C’est à la piaule que je donne rendez-vous à Red, au moins là-bas on ne risque pas de se faire emmerder. Et le temps qu’elle arrive j’ai probablement dû me griller la moitié de mon paquet de clopes, sûrement avec l’espoir que cette merde m’emporte sur le champ. C’est encore loupé pour le cancer du poumon apparemment. La porte s’ouvre et j’écrase ma clope, laissant la fenêtre ouverte pour continuer d’aérer la pièce sinon le Jules il va encore me faire chier pour l’odeur et… Bref, tu dérives Chris alors que t’as des choses importantes à dire.

« Hey… Tu veux un thé ? Ouais je vais préparer du café. »

Ou comment tenter de gratter encore quelques minutes en ayant l’air totalement con. C’est vers la machine que je me dirige avant de me faire barrer la route par Red et un sale regard qui a l’air de vouloir dire : t’as intérêt de parler mon gars sinon je te ferais parler avec mes poings.

« Hum, tu te souviens l’autre soir quand je te disais que j’avais fait annuler ton contrat avec Lucifer ? Bah c’était à quelques conditions… »

Forcément, il y a toujours des conditions avec Lucifer, il n’aurait pas juste déchiré un contrat qui lui plaît pour ma jolie gueule, d’autant qu’elle ne lui donnait pas tellement envie le soir où je l’ai retrouvé. Il avait probablement peur de choper la mort en me touchant.

« Et ces conditions sont vraiment merdiques Red, mais la seule que tu as vraiment besoin de savoir, c’est que je vais devoir tout leur dire, à l’académie. Je vais devoir avouer que je suis… »

Les mots ne sortent pas parce que je crains le jugement de Red devant la déclaration qui va suivre. Elle était au courant de l’accident avec mon frère et le jeune Badica, mais cette fois il ne s’agit pas d’un accident.

« Je vais devoir avouer que je suis celui qui a décimé toute la famille Lazar… Ma famille. »

Voilà, la première bombe a été lâchée. Et avec ça Red ne connaît même pas ma famille, si elle est au courant que j’ai également éliminé la seule personne capable de faire tomber Lucifer, pour sûr elle me détestera. Je sais Red, je n’étais pas un meurtrier quand on s’est rencontré, mais beaucoup de choses ont changées depuis ma disparition. J’ai changé et aujourd’hui je dois en assumer les conséquences. Je le ferais pour toi.

« Et si je te le dis c’est parce qu’après ça l’académie ne me laissera jamais repartir alors, au moins tu sauras où je me trouve cette fois. »

Tu ne te diras pas que j’ai disparu comme la dernière fois et tu ne feras pas un nouveau pacte avec Lucifer dans l’espoir d’avoir des réponses. J’ai merdé Red, pas par choix mais j’ai merdé quand même. Là j’arrive encore à rester indifférent mais une fois que j’aurais accomplis la dernière demande de Lucifer… Tu peux être sûre que je demanderais moi-même à l’académie que mon châtiment soit celui de la mort, car de toute façon je ne supporterais même plus de me regarder dans un miroir.

   

Bon combien de temps encore tu vas jouer à l'autruche, mon gars ? Parce que je t'assure que tu pourras pas m'éviter éternellement ! Donc t'as intérêt à m'expliquer fissa ce qui t'arrive vu qu'en attendant, je commence à avoir envie de cogner des gens à cause de toi. A la place d'ailleurs, je cogne un sac de plus en plus fort dans une pièce quelconque d'une salle de sport quelconque.

« Bah alors là, mon gars, j'aimerais pas être à la place du sac... Euh pardon, ma fille. Merde. »

Je jette un rapide regard au trouduc qui vient de m'interrompre mais rapide le coup, vu que de toute façon je suis incapable de le décrire. Un blond quelconque qui doit penser qu'il est cool parce qu'il fréquente une salle de sport. Laisses donc se défouler les grandes personnes si tu veux pas que ce soit ta gueule de lover que je défonce. Rien à foutre que tu m'ais prise de dos pour un mec, ça sera ni la première, ni la dernière fois. Par contre, parce que tu m'interromps, je pourrais décider de t'éclater à toi la gueule et tu verras ce que ça fait d'être à la place du sac. Heureusement, le gars est tellement gêné de sa bourde qu'il se casse.

Une heure plus tard, je suis en train de prendre une douche dans la salle de sport quand je reçois le message de Chris. Eh bah mon gars, il était temps que t'arrêtes de fuir. Pour le coup, je m'habille rapidement et je quitte le coin, me dirigeant vers la piaule, mon sac de transport en travers de l'épaule. Je me fais pas emmerder sur le trajet et tant mieux parce que j'ai vraiment pas la patience. Je croise Jules derrière le bar à qui je fais un signe de tête et après je monte les marches pour arriver devant notre piaule. Je pousse la porte et je croise direct le regard de Chris qui a l'air de vouloir fuir. Rêves mon gars !

Je laisse retomber mon sac et pendant ce temps là, le mec s'enfonce en me demandant si je veux du thé. J'ai la gueule d'une Lady Anglaise ? Bien sur que je ne veux pas de thé ! Fais pas chier, on a d'autres choses à foutre que de tourner autour du pot. Du coup je me mets sur le chemin de la cafetière et là, Chris continue à tourner autour du pot. J'espère bien que tu vas me parler de ces putains de conditions. Je croise les bras et j'attends, parce qu'il va forcément se mettre à parler.

Alors là, je suis pas d'accord, t'as intérêt à m'avouer toutes les putains de conditions. Je suis prête à entendre celle que tu trouves la plus importante d'abord mais je veux toutes les entendre, absolument toutes. Il finit par m'avouer qu'il est celui qui a buté toute sa famille... Okay. Et je suis censée réagir là ? Non parce qu'on va dire que je m'en doutais un peu quand même. Lucifer m'avait avoué, en me sortant de la prison où j'avais été accusé des meurtres justement de ces gars là, que Chris était impliqué dedans. Et même si Chris ne m'avait rien dit à notre rencontre quand je l'avais confronté, je commencé à le connaître. Et j'avais très bien remarqué sa réaction à l'article que je lui avais mis sous le pif. Alors oui, je me doutais qu'il y avait un truc comme ça. Bon, j'étais pas encore certaine mais... Je m'en doutais. Et franchement, je compte pas t'en tenir rigueur. Je sais pas trop comment tu vivais avec ta famille, si elle était bien ou pas, mais moi je les connaissais pas alors je m'en fous pas mal. T'as l'air de l'avoir sur la conscience, okay, mais va falloir vivre avec. Parce que t'as plein de sang sur les mains mais bon, t'es pas le seul. Moi aussi j'ai vécu des trucs pas jolis. Et si toi à notre rencontre, tu n'avais tué que par accident, moi j'avais déjà buté un gars pour ma survie. Est-ce qu'on en avait fait tout une caisse ? Eh bah non, alors t'as intérêt à te remettre. Depuis le compteur de mort a augmenté et alors ? Visiblement, c'est le risque avec ton monde, je l'assume, t'as qu'à l'assumer aussi merde !

Le gars me distrait quand il commence à me parler de l'Académie et du fait qu'elle le laissera pas tranquille. Alors ça, c'est tout simplement hors de question. Tu pars déjà défaitiste et là, je te laisserais pas continuer sur cette voie. J'avance jusqu'à être presque collée à lui, ma main agrippant le col de son tee-shirt pendant que je le rapproche de moi  avec force en le regardant droit dans les yeux.

« Si tu me dis que tu comptes m'abandonner encore une fois en laissant cette putain d'Académie t'attraper, je te jure que je te refais la tête au carré, Christina ! »

Et je suis totalement sincère. Autant dans le fait que tu n'as pas le droit de m'abandonner une deuxième fois que dans le fait que tu peux être certain que je te botterais le cul si tu te laisses faire. J'affronte son regard sans bouger de ma position. T'as parlé, c'est bien, maintenant c'est mon tour et t'as intérêt à ouvrir grand tes oreilles de trouduc.

« T'as du sang sur les mains ? Très bien, bah tu vivras avec et t'assumeras. Parce qu'on ne peut plus rien foutre pour les morts, mais tu peux agir pour les vivants. Tu le regrettes ? T'as qu'à faire des missions de sauvetage pour te racheter une conscience si c'est ce qui te faut ! Mais c'est tout simplement hors de question que tu te laisses choper pour aller en prison ou que sais-je encore. Si tu fais ça, de toute façon, c'est simple, je rase ta putain d'Académie et tant pis pour les dégâts occasionnés.  »

Et tu sais très bien que j'en suis capable. Visiblement, t'as du mal avec ta conscience, eh bien pas moi. Je déteste tuer, je ne l'ai pas fais souvent. Une fois avant de te rencontrer. Puis pendant ton absence, il m'est arrivé d'assassiner des gens pour le compte de Lucifer mais généralement, c'était pas ce genre de mission qu'il me demandait. Et j'ai aussi buté les gars qui te retenaient à notre deuxième rencontre dans cette ville. Et s'il faut le refaire, alors okay. Je tenterais de trouver un autre moyen mais si c'est ce que je dois faire, je le ferais, parce que c'est tout simplement hors de question que tu m'abandonnes encore, rentres toi bien ça dans le crâne Christina !  
   

J'ai la pression, genre la grosse grosse pression ! Sans déconner, comment ma vie a pu devenir un tel bordel ? A croire qu’on ne me foutra jamais la paix, quoi que je dise, quoi que je fasse il y aura toujours une mission suicide ou un deal qui détruira ma vie. Qui est le pire entre l'Unité et Lucifer ? Je crois que la question mérite d’être posée, mais je suppose que le pire est de cumuler les deux, surtout quand ce n’est pas très compatible. J'ai le choix : buter la famille Ozéra et probablement obtenir une protection de l'unité contre l’Académie, ou encore me rendre et me faire emprisonner, ce qui du coup permettrait à la famille Ozéra de survivre. L’air de rien je crois que je préfère quand même le deal de Lucifer, même si ça gâchera ma vie, au moins ça ne gâchera pas celle de Christian et Tasha. Tant pis si l’unité n’est pas contente, je suppose qu'une fois enfermé dans les prisons de l’Académie ils ne pourront plus rien contre moi de toute façon. C’est un mal pour un bien, mais encore faut-il que je parvienne à convaincre Red que je prends la bonne décision et quelque chose me dit qu'elle me traitera d’abrutis et de tous les synonymes qui vont avec.

Enfin avant d’annoncer les nouvelles peu réjouissantes, je pars pour faire couler un thé, ou un café, enfin n’importe quoi qui me fera gagner un peu de temps. Sauf que Red n’est pas d’accord avec ça et c’est quand elle se place sur mon chemin pour que je parle que je finis par lâcher quelques informations. Je vois Red s’approcher, son regard ne me dit rien qui vaille, tout comme sa poigne sur mon col. Cette femme aime beaucoup trop tenter de m’intimider. Ouais vraiment, j’ai pas trop envie de lui dire qu’effectivement je risque de l'abandonner avec le regard qu’elle me balance et les menaces qu’elle laisse peser. Bordel, pourquoi faut-il toujours que les choses soient si compliquées ?

« T'es pourtant bien placée pour savoir qu’on ne se joue pas de Lucifer comme ça. »

Et je regrette pas mal ces paroles après les avoir prononcées, parce que l’idée n’est pas de lui raviver de mauvais souvenirs, mais bordel Red a vendu son corps pour moi, je peux bien vendre ma liberté pour elle ! Pas de raison que les choses ne fonctionnent que dans un seul sens ! Sauf que Red n'a pas l’intention de lâcher l’affaire et… ça me fou en rogne. Ouais ça me fou carrément en rogne parce qu'elle a pris des décisions pire que les miennes et je n'ai rien pu faire pour l'arrêter, alors elle n'a pas le droit de décider pour moi sur ce coup-là.

« Fais chier, c’est pas ma conscience le foutu problème ! » Pas encore du moins, même si ça le deviendra tôt ou tard, plus tôt que tard d’ailleurs. Je me libère enfin de la prise de Red, assez sèchement avant de me diriger vers la fenêtre. Ouais j'ai besoin d’une autre clope, encore ! Au moins la première bouffée a le mérite de me calmer un peu. « J'suis bloqué, tu piges ? Soit j’extermine les seules personnes de cette foutue Académie que j’apprécie vraiment pour pouvoir nous négocier une protection contre Lucifer, soit je me rends à l’Académie pour pouvoir vous protéger tous les trois. » Ce qui implique de me sacrifier, mais vaut mieux moi que l'un d’entre vous alors en soit le choix est vite fait. Tu voudras sûrement que je me choisisse aux Ozéra mais j'ai pas l’intention de faire ça Red, tout comme je ne me serais pas choisi en échange de ta mort.

Je souffle de la fumée en même temps que je lâche un long soupire avant de tourner à nouveau mon regard vers Red. « De toute façon Lucifer nous fait surveiller, alors actuellement il m’inquiète bien plus que ces connards de militaires. Si je ne respecte pas mon deal je ne sais pas ce que te fera cette nana et… » Ouais parce qu’il y a aussi une nana dans le lot, une foutue strigoï en plus, comme si on avait besoin de ça ! « On sait tous les deux que ce n’est pas une bonne idée de mettre Lucifer en rogne. » Quoi que l’énerver encore ça passe, mais tenter de le doubler sur un contrat ? Même pas en rêve ! Il a une réputation à tenir ce con alors il ne peut pas simplement se faire avoir comme ça et il est hors de question que Red aille refaire un deal avec cet enfoiré pour me sortir du pétrin, on a assez joué comme ça avec le diable. « Alors franchement c’est pas comme si j’avais mille possibilités. » J’en ai que deux et les deux sont merdiques. Bienvenue dans ma vie.

   

Ce trou du cul de Chris a encore envie que je lui refasse la tête au carré. Il me fait tourner en bourrique et il me sonne l’alarme pour que je me ramène gentiment et en plus je le fais. Mais il est temps d’avoir des putains de réponses et de toute façon je repartirais pas sans. Après avoir ignoré un autre connard je me dirige vers notre piaule et je tombe sur Christina qui tente de me faire un remake d’un vieux film anglais. J’ai toujours préféré les films d’action ou d’horreur alors ça sera pas pour maintenant ce thé. Je me mets sur le chemin et Chris crache enfin une partie de la vérité. Sauf que quand je comprends à quoi ça mène, ça me fout en pétard. Hors de question que tu recommences, Christina. J’aurais certainement pas fais tout ça pour te perdre encore au bout du compte. Il me dit qu’il ne faut pas se jouer de Lucifer et je hausse un sourcil narquois.

« Nan, sans blague. Je pense pouvoir dire que je connais Lucifer mieux que toi et c’est pas ça qui me vient en tête. Mais c’est tout simplement hors de question que tu disparaisses, Christina ! »

Ouais, je connais Lucifer dans toute son anatomie, dans toute sa cruauté et dans toute son intelligence. Il sait très bien qu’il vaut mieux mettre Chris hors jeu mais sans le détruire, parce que sinon il se ferait des ennemis d’une façon bien idiote. Et je le connais assez bien pour pouvoir lui être un minimum dangereuse ou au moins dérangeante. Mais je ne pensais pas à le doubler quand j’avais dis que je ne laisserais pas Christina se faire latter le derrière. Je pensais simplement au fait que cette fois, je ne le laisserais pas partir encore une fois, je ne le laisserais pas se résigner. Parce que c’est ce qui se passe avec ce foutu trou du cul, il est en train de s’apitoyer et de se laisser faire et ça, c’est hors de putain de question. Alors ouais, je lui fais la morale à ma façon et je lui rappelle que j’en ai rien à foutre si sa putain de conscience se met sur le mauvais chemin. Je le laisserais pas abandonner. Je le vois s’énerver, ce que je préfère largement. Ouais, le Chris combattif, c’est mon préféré même si je préfère que ce soit avec moi et pas contre moi dans cette situation. Je réponds avec autant de hargne que lui :

« Alors c’est quoi ce putain de problème ? »

Je l’écoute et ce qu’il me dit me fout en rogne. Parce que franchement, il me présente une situation de merde et je sais qu’il s’est foutu dedans par ma faute. Il me l’a bien dit, il a fait ça pour annuler mon contrat et franchement, ça me fait putain de chier. Mon contrat, mes emmerdes. Mais nan, Chris a fait son chevalier servant et maintenant, c’est lui qui se fout dans la merde. Alors ouais, je réponds avec tout autant de chaleur dans la voix que lui, une vraie fournaise même.

« Et tu penses pas qu’on aimerait décider ? Ou que tu ne devrais pas être le seul à décider ? »

Je le fixe intensément, tellement que son visage ne change même plus car je ne cligne pas des yeux. Pourtant, je sais que ce n’est pas son visage que je fixe, juste sa représentation du moment dans mon esprit. Mais voilà, je le fixe et je l’écoute. Quand il me parle d’une certaine nana, je fronce les sourcils en croyant deviner de qui il parle. Une avec un bras mécanique n’est ce pas ? Le bras droit de Lucifer, littéralement. Ou la main gauche, j’avais parfois du mal à savoir. Je n’avais rien contre elle mais il fallait avouer que c’était une nana étrange et qu’on avait pas envie de l’avoir sur le dos. Il enchaîne sur le fait de foutre Lucifer en rogne et je hausse les épaules avec désinvolture. Ouais bah faudra bien en foutre un en rogne parce qu’il est hors de question que tu te retrouves de nouveau enfermé je ne sais où bordel. Je l’écoute finir de parler et finalement je fronce les sourcils et croise les bras pour ne pas le cogner.

« Tu remballes la Christina résignée et tu fais marcher tes neurones. C’est quoi les termes exacts de Lucifer ? Parce que ça m’étonnerait qu’il t’ait dit de te rendre à l’Académie, ça n’a aucune utilité à ses yeux que tu te fasses enfermer. Par contre, ça serait utile que tu détournes l’attention, donc que tu sois en cavale. Alors racontes moi ce que le diable t’a dit exactement parce que je te préviens, y a rien qui a changé, y a aucune chance que je te laisse te sacrifier et finir de nouveau enfermé je-ne-sais-où. Je te l’ai dis et redis, je raserais cette Académie s’il le faut et du coup, les trois gars que tu tenterais de protéger finiront blesser. Donc aucune putain d’utilité à tes actions. Alors ces mots ? »

   

Est-ce que j’aurais passé ce deal avec Lucifer si je n’étais pas à quelques jours de mourir au moment de ma visite ? J’en sais rien, probablement que oui, puisque cela a permis à Red d’être libérée de son contrat, mais j’aurais sûrement cherché à négocier un peu plus. Là j’ai tout accepté en me disant que de toute façon, je n’avais plus rien à perdre, mais ce foutu enfoiré devait se douter que je m’en sortirais d’une manière ou d’une autre. Maintenant c’est le bordel total et les réactions de Red n’aident pas. Peut-être que je n’aurais pas dû chercher à lui expliquer les choses… mais ça aurait été pire et ce coup-ci, je crois qu’elle ne me l’aurait jamais pardonné. La cigarette aide un peu à calmer mes nerfs, même si Jules risque de me faire chier quand il se rendra compte de l’odeur qui a envahi les lieux. Il m’a pourtant montré un tas de fois le fameux panneau « interdiction de fumer », mais ce coup-ci, j’ai vraiment besoin de ma dose de nicotine.

« Parce que tu m’as permis de décider, quand t’as vendu ta liberté à Lucifer à cause de moi ? » lâché-je d’un ton froid avant de le regretter tout aussitôt. Je n’ai pas le droit d’en vouloir à Red pour ce qu’elle a fait… mais bon sang, elle n’est pas en droit de me faire des reproches elle non plus ! On fait des conneries l’un pour l’autre, c’est comme ça, on n’y peut rien et on ne changera probablement pas les choses. Je n’ai pas eu mon mot à dire quand elle s’est vendue au diable et je l’ai franchement eu de travers, alors maintenant c’est à son tour d’accepter la putain de situation et de me laisser faire. « T’es pas la seule à pouvoir t’abonner aux solutions merdiques. » Red va vraiment finir par m’en coller une si je continue sur cette voie, mais c’est mérité, non ? Peut-être pas… Fait chier ! J’aimerais juste effacer tous nos problèmes, recommencer à zéro et pouvoir profiter de notre lien comme avant. Mais évidemment, ce pouvoir-là n’existe pas.

Je me calme un peu et éteins ma clope qui commence à consumer le bout du mégot. Red me demande les termes exacts de Lucifer, comme si elle espérait pouvoir trouver une astuce qui limiterait la casse, ou quelque chose dans le genre. Dois-je vraiment lui parler des conditions ? De toutes les conditions ?... Après quelques secondes d’attente, je finis par lâcher un soupir résigné. « La première condition était d’assassiné Abigaïl Morrison. Ce qui a déjà été fait. [/b][/color] » avoué-je finalement en évitant de croiser le regard de Red. J’ai tué la seule personne qui aurait pu faire tomber le diable, donc je comprendrais parfaitement qu’elle ait les nerfs et veuille me tabasser. Peut-être que quand j’aurais récupéré ma conscience, je voudrais moi-même me foutre en l’air, mais on n’y est pas encore. Avant de me faire incendier, je poursuis avec la suite du contrat. « Ensuite, il m’a demandé d’exposer mes crimes au monde. » D’une certaine manière, Red a raison sur le fait de pouvoir être en cavale, puisqu’il n’a pas mentionné le fait de devoir passer le restant de mes jours en prison. Cette possibilité est jouable, mais dangereuse. « Et finalement, il m’a dit de faire revenir ma conscience. » Peut-être pour s’assurer que je veuille moi-même finir derrière les barreaux afin de purger ma peine ? J’en sais rien, difficile de deviner les pensées du diable, en revanche, je sais à quoi pense Red.

« Alors oui, ton idée de passer ma vie en cavale peut se tenter, mais avec l’Académie et l’Unité derrière mon cul, ce sera vraiment risqué. » Mais je sais que Red préférera l’option dangereuse à celle qui me condamne de toute façon. Autant jouer avec le feu plutôt que de se laisser brûler, pas vrai ? Ouais, je commence à bien la connaître à force, mais si elle me connaît aussi bien en retour, elle saura que je risque d’avoir un petit problème avec cette solution. « Je le ferais si c’est vraiment ce que tu veux…[/b][/color] » commencé-je à lui proposer avant de relever mon regard vers le sien. « Mais à condition que tu ne viennes pas avec moi. » J’ai envie de m’arracher la langue de dire un truc pareil alors que franchement, si je devais m’isoler avec une seule personne, je n’aurais pas d’hésitation sur le choix de cette dernière. Ce serait Red. Ce sera toujours Red. Sauf que je ne prendrais pas le risque de la mettre en danger. J’ai réussi à la libérer de son foutu contrat, ce n’est pas pour l’enfoncer dans d’autres emmerdes. « C’est ça où je me rends à l’Académie et leur dis de garder un œil sur toi pour ne pas que tu puisses te rebeller. »