Rencontre autour d'une cuv(é)e | Amaëlle & Lorenzo

Rencontre autour d'une cuv(é)e

Je me demandais réellement depuis combien de temps est-ce que nous étions suspendus par les poignets à ce crochet. Non parce que pour que je commence à étouffer comme ça à cause des vapeurs, c’est que nous devions nous trouver ici depuis un certain temps, même si pour le moment j’étais la seule de nous deux à devoir cracher ses poumons. Tant mieux, au moins ça évitait que nous devenions instables à cause de notre toux simultanée. Je n’avais rien contre le danger, au contraire, je m’amusais à le fréquenter régulièrement. Mais je préférais éviter la mort dans d’horribles souffrances. Sans compter que ça me foutait pas mal en colère de me retrouver encore kidnappée. Il ne manquerait plus que ce soit encore Lucas qui doive me sauver et là, j’aurais vraiment l’impression de régresser. Enzo commence à parler de la nana à qui il devra se faire pardonner quand il reviendra et je suggère de lui offrir quelques uns de nos kidnappeurs en cadeau. Mais visiblement, ça ne lui va pas et la fin de sa réponse provoque un autre éclat de rire. J’adorais les strigoïs de Missoula, ils étaient aussi fous que moi, voir même plus.

« Je peux comprendre, même si personnellement j’ai une préférence pour les ongles. Ca fait de magnifiques guirlandes et au moins ça n’a pas d’odeur quand ça se décompose. Mais on m’a également, un jour, offert une collection de canines qui était très sympathique, il y en avait pour tous les goûts : humain, dhampir, moroï, strigoï. Oui, c’était plutôt amusant. Après je peux comprendre l’intérêt des yeux aussi. »

Tant qu’on ne met pas des yeux gris dans le lot, ça devrait aller. J’eus une pensée amusée pour la collection de canines que m’avait offerte Nyméria, ma sœur de cœur. Une collection composée de trophée de ceux assez fous pour la défier. Enfin c’était avant qu’elle finisse en couple et se calme. Les canines limées des humains, celles légèrement pointues des dhampirs, celles piquantes mais minimes des moroïs et enfin les grandes canines des strigoïs. Une collection variée qui reposait dans un des entrepôts de Missoula avec plusieurs autres petites collections. C’était un trophée amusant mais qui n’était pas à sortir régulièrement.

Pour passer le temps, Enzo commença à me faire une devinette qui n’en eût que le nom, surtout quand on fréquentait Lucas et Lucie. Malgré tout, je lui répondis avec un sérieux sur-joué, autant faire passer le temps en s’amusant après tout. Je laissais échapper un sourire quand j’entendis la réponse du blond dans mon dos et que j’entendis également un sourire dans sa voix. Il n’y avait pas à dire, nous étions faits pour nous entendre, Lorenzo.

« Je les énumérerais certainement lorsque nous nous retrouverons face au plus gros du groupe, mon cher. Cela nous motivera à les tuer très salement, j’en suis certaine. »

Après tout, j’entendais seulement deux strigoïs venir à nous, donc le reste du groupe devait être en arrière pour le moment. Je me concentrais sur mon ouïe et j’entendis leur conversation. Hum, cela commençait mal pour vous les garçons. Si vous vouliez vraiment nous convaincre, il aurait fallu éviter de nous droguer, de nous kidnapper et de nous attacher au-dessus d’une cuve. Même sans cela, je n’en aurais pas été convaincue mais au moins aurais-je daigné faire semblant si on avait évité la cuve. Je fis comprendre à Lorenzo que la partie allait commencer et je le laisser mener le début du spectacle. Heureusement, les deux strigoïs étaient placés de telle sorte qu’ils se trouvaient sur notre flanc, ainsi ils nous étaient tous les deux visibles, je pus donc les observer être déstabilisés par Enzo et pendant ce temps-là, je réfléchissais à plusieurs idées.

Sous nous, il y avait une cuve. Nous étions attachés par les mains au crochet et par la taille à l’autre. Ainsi nous n’avions que nos jambes de libres. Nous pourrions nous balancer mais ça ne serait pas assez rapide pour se libérer, les strigoïs pourraient baisser la manette avant. Seule, j’aurais pu faire en sorte de remonter mes jambes au-dessus du crochet pour me libérer mais en étant accroché dans le dos par Enzo, c’était impossible. Non, il fallait maintenant convaincre les strigoïs de nous détacher, c’était la solution la moins dangereuse. Je fis vraiment attention à la conversation quand Lorenzo expliqua qu’il fallait me convaincre moi pour qu’ils aient la vie sauve. Quelle généreuse idée, Enzo, tu permets que je l’appuie ?

« Je vous promets que je ne vous ferais aucun mal si vous arrivez à me convaincre. Mais faites attention, le temps défile. »

Je laissais échapper un sourire charmeur à l’attention des deux imbéciles et les vit commencer à réfléchir. Allez-y, de toute façon je ne romprais pas ma promesse, je laisserais juste le soin à Lorenzo de s’occuper de vous. Vous avez encore quelques secondes pour me convaincre : soit je suis Lorenzo et je vous fais monter en pression, soit… Eh bien je ne suis pas mauvaise pour charmer et de toute façon, vous serez bientôt morts quoi qu’il se passe.  

« Vous devez nous suivre, la proposition qu’on va vous faire est de celle qui changera toute votre vie. »
« Si c’est une demande en mariage, je vous préviens, je fuis. Je ne suis pas pour la polygamie façon maritale. »

Je laisse échapper un sourire angélique, amusée de couper celui qui parlait avec empressement et conviction. J’entends une réaction derrière moi qui agrandit mon sourire et finalement, c’est l’autre gars qui reprend la parole après avoir envoyé un coup de coude à celui qui parlait auparavant.

« Attendez ici, on va vous amener le boss. »
« En fait, ça serait mieux que vous nous ameniez à lui. »
« Pour que vous tentiez de vous faire la malle ? Non merci ! »

J’observais du regard celui des deux qui semblait le plus intelligent et je le vis être catégorique pendant que l’autre semblait hésiter. Je lui fis un sourire angélique (et donc bien évidemment faux) en reprenant la parole.

« Et qu’est-ce qui te fait penser que nous serons encore là quand vous reviendrez avec votre boss ? Quoi que, non, tu as raison. Nous serons encore là, à attendre de pouvoir vous arracher la tête si tu fais cette bêtise. »
« Je… »

Avant qu’il ne reprenne la parole, son compère lui tira le bras, commençant à chuchoter furieusement dans une autre langue que je ne connaissais pas. Ce n’était donc ni du russe (en tant que dhampir, j’avais du apprendre cette langue), ni du français, ni de l’anglais. Je me penchais vers Lorenzo et chuchotais à mon tour à son attention.

« Tiens-toi prêt, le bord est plus proche de mon côté. S’ils n’agissent pas comme il faut, il faudra que tu essaies de te balancer vers moi. »

Autant se tenir prêt à tout, vu qu’à mon sens, il y avait cinquante pour cent de chance que les deux zouaves choisissent la solution emmerdante. Mais j’attendais d’être surprise dans le bon sens. Il ne fallait pas perdre espoir après tout. Ils n’avaient pas l’air d’être des flèches donc…